mardi 10 avril 2012

Sakura manko.

La dernière fois que j'ai posé mon cul sous des arbres, c'était au pied du château de Wakayama, happé par un groupe de vieux déjà un peu faits qui voulaient discuter avec le gaijin. Qui les a bien calmés lorsqu'il a fallu composer un haïku en guise d'au revoir et qu'il s'en est sorti avec le ton que tu me connais.

Rien de tel cette année, car tu le sais : la gente tokyoïte passe le Hanami chez son ami juif, Yoyogi Cohen. Au programme : biture et excès en tous genres chez la jeunesse homosexuelle qui s'ignore, modération et tentatives de drague timide chez les adultes que nous sommes, soucieux de ne pas être vus en positon délicate puis multipostés sur Facebook. Le tout sous la vigilance des 3 flics chargés de gérer 2 millions de visiteurs et d'un Zeppelin de la NSA.


Tandis que le cagnard met les Japonaises au supplice, ça boit et ça mange des trucs bien préparés si tu étais là tôt, des yakisoba jusqu'à la nausée si tu arrives à la bourre et que tu pestes parce que bonne chance pour réussir à phoner tes potes quand ils sont installés au milieu d'une zone non couverte. Discussion avec des demoiselles trop chères pour toi, qui bossent pour des banques privées et parlent couramment anglais, mais épargnent toute condescendance au salaryman que tu es, parce qu'elles ont pas l'air beaucoup plus malignes ou riches que toi le cul sur une toile bleue. Et sans leurs Louboutin.


Mais le vrai spectacle, c'est quand tu t'es bien rempli et que tu aimerais te purger un peu. Là, ça devient les queues de Disneyland, permanentes et self-disciplined, pour arriver dans des gogues d'une étonnante propreté au regard de leur fréquentation. Tu boufferais pas par terre, mais ça sent déjà pas la pisse, c'est dire le miracle. Le tout en compagnie des poubelles du jour, parce que c'est bien la peine de se faire chier toute l'année à trier les ordures ménagères quand tu pourrais simplement rouler tout en boule dans une toile bleue et demerden Sie sich.


A 15h il fait déjà soleil couchant, alors tu te couvres et tu continues ta journée à Shibuya qu'est pas loin, tu te tapes des crises de rire en écoutant les énièmes doléances des Japonaises quant aux hommes de l'archipel et en pensant à tous ceux qui s'inquiètent de la réussite d'un mariage "mixte" ; effectivement, tu peux t'inquiéter d'un éventuel choc des cultures quand tu sais comment ceux qui partagent la même culture ont déjà une propension phénoménale à passer à côté du bonheur. Pour se plaindre ensuite, bien sûr, sinon c'est gâché.

Les cerisiers ? Euh... De quoi tu me parles ?

6 commentaires:

Vincent a dit…

J'y étais !
Et c'est la 1ère qu'il y avait autant de monde, incroyable.
Niveau poubelle, des montagnes mais au moins c'était rangé. Imagine la même chose en France.

Loup a dit…

Vincent: Mais Yoyogi kouen est toujours blinde pour Hanami, non?

Quelles etaient les doleances? Histoire de voir si ca recoupe avec ce que j'entends de mon cote.

Mr. Tanaka a dit…

Cher ami Gaijiin qui pue le fromage.

Tu as tendance, comme moi, à toujours être en avance sur tes deux heures de retard habituel, et ne connaître les premier rayons du soleil du samedi matin qu'en sortant du Womb pour ensuite te lever aux aurores vers 15h du matin.

Le Chabbat des fleurs, des frères Yoyogi et Shinjuku Cohen, t'es donc totalement inaccessible, , à moins que tu n'aies des amis qui y auraient campé la veille.

Et bien aujourd'hui, je vais te donner la technique ultime du Sakura, pour avoir une place sous les plus beaux cerisiers de Tokyo, sans devoir poser ta bâche bleue la veille et faire du camping.

Ne te laisse plus embobiner par les Cohen père et fils, ils te mentent et te spolient.
Va au Aoyama Reien, vers 15h, les mains dans les poches, prend toi 2 bières et un bento dans un des conbini vides qui entourent le parc, et met toi au milieu des tombes^^
Les japonais ne s'y attardent pas, ayant peur des zombies, mais sache qu'au Aoyama Reien, à part 2,3 gaijins enterrés dans un coin, toutes les tombes ne sont remplis que de poussières du funérarium.
Et tu peux donc t'installer tranquillement sur un emplacement vide à toutes heures de la journée sans craindre de te faire happer par un cadavre en mal de chair fraîche.

Ce n'est pas totalement autorisé, mais tu pourras toujours dire que ton arrière-arrière grand père, Paul Jacoulet, occupe lui aussi un emplacement.

Robert Patrick a dit…

@Loup : les doléances des Japonaises, c'est comme une bière bien fraîche : c'est le contexte qui la rend délicieuse. Le fond du problème, on le connaît tous, c'est le cas par cas et la façon dont ça arrive sur la table qui permettent d'y prendre un plaisir toujours renouvelé.
@M.Tanaka : attention à vos propos qui frôlent l'antisémitisme. Vous avez de la chance de ne pas être en France, y en a qui sont tombés pour moins que ça...

Anonyme a dit…

Manko t'en as profité ou pas ?

proulx michel a dit…

"jeunesse homosexuelle qui s'ignore"
t'es dur, quand même! Moi, le Hanami, je me le suis fait à Chichibu, c'était quand même plus classe.

 
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