samedi 28 mars 2009

L'île aux enfants.


J'étais donc à Tôkyô en octobre dernier, en compagnie de mon fidèle Tarô et d'une amie commune, Akiko.
Akiko vivant sur place, elle se charge de nous faire visiter quelques magasins dont nous n'aurions pu soupçonner l'existence (nous, hein, en dehors de Sofmap et Book-off...).

Et puis après nous avoir un peu baladés, elle nous dit : "tiens, il y a un magasin, là, au sous-sol, je vous préviens, c'est vraiment malsain. Mais je vous laisse voir par vous-mêmes" (vous noterez l'incitation, pour ne pas dire l'invitation...).

Voilà qui pique notre curiosité ; la dernière fois que Télérama parlait de l'aspect malsain de la culture japonaise, ça concernait Dragon Ball Z et Ken le survivant.

Mais Tarô et moi, on n'a pas fait la fac pour rien : la culture japonaise, on connaît.

Nous descendons donc dans l'antre du Mal pour y trouver – surprise ! – des vitrines et étagères pleines de dôjinshi à base de personnages de jeux vidéos, ainsi que quelques œuvres dédiées aux viols de gamines par des monstres à tentacules.

Ouais. La routine, quoi.

Nous ressortons finalement assez étonnés et faisons part de notre déception à Akiko : qu'y avait-il donc de malsain dans tout cela ?
Devant notre description, Akiko comprend que nous ne sommes pas allés dans le bon magasin (ah, vous voyez : elle aussi elle trouve que le viol par tentacules c'est normal) et nous guide alors à travers moult couloirs, pour nous indiquer finalement une petite boutique : "c'est là, je vous attends à la surface".

Ah oui. Effectivement. C'est bien là.
C'est même tellement là que j'ai pris une photo, de peur que vous ne me croyiez pas (vous pouvez cliquer sans crainte, rien de techniquement choquant au premier coup d'œil).

Nous sommes donc dans un magasin spécialisé dans les DVDs d'exposition d'enfants entre 4 et 12-13 ans. Pas de nudité, encore moins de sexe, donc techniquement pas de la pornographie infantile (lien complètement safe également, vous me prenez pour qui ?).
D'ailleurs la déco est plutôt bon enfant (no pun intended, comme on dit) : les petites stars posent en tenues d'écolières sur un pan de mur (échelle 1:1), elles ont même signé à côté de leurs photos respectives, fait des dessins, tout ça.

Au milieu du magasin, une bonne dizaine de milliers de DVDs, avec des gamines prébubères en maillot de bain, les jambes écartées, en train de lécher une glace, de sucer une sucette, le maillot de bain blanc devenu transparent avec la flotte, bref : toutes les déclinaisons possibles du genre suggestif.
Vous voudrez bien m'excuser de n'avoir pas procédé à l'étude détaillée des différentes catégories, nous étions assez pressés de sortir après avoir commis le cliché présenté plus haut.

Lorsqu'Akiko nous demande ce que nous avons pensé du magasin, je lui lâche : "on ne peut pas défendre le Japon tout le temps".

Parce que le problème, c'est évidemment pas le magasin, ni les DVDs, ni les gamines.
Les gamines, on voit bien qu'elles ne pensent pas à mal et qu'elles sont ravies de faire des sourires comme devant l'objectif de papa-maman, de s'entendre dire qu'elles sont très mignonnes et qu'elles ont beaucoup de talent, le tout assorti d'une rémunération et du statut d'idol, histoire de faire la maligne en classe.

Les DVDs, le producteur, le réalisateur, ils font leur taff. Y a un marché, une demande, donc il y a du boulot. Ils font ce boulot. Je trouve pas ça plus sale qu'un député qui pique dans la caisse (et arrête de me dire que les pédophiles il faudrait tous les tuer : aux dernières nouvelles on m'a jamais demandé de voter pour qu'un mec soit pédo. Je préfère un mec qui a du pathos à un gars qui me chie sciemment dans la bouche en abusant des responsabilités que je lui ai confiées, le tout en vivant avec l'argent que je travaille pour gagner).
Je ne crois pas non plus à la thèse du DVD qui provoque l'acte, puisque la pédophilie est avérée dans des pays où ce marché n'existe pas (Japon 1 - reste du monde 0).

En fait, mon indifférence sur le matériau vient du fait qu'il y a longtemps que je ne crois plus à une société responsable. La société ne veut plus de héros, de modèles. La société ne croit plus à la morale, la société croit à l'argent.
Ça te plaît, ça te plaît pas, c'est pas la question : c'est comme ça.

En revanche, je crois à la responsabilité de l'individu. Notamment du parent.

Parce que les parents, eux, sont évidemment au courant du type de vidéos que font leurs gamines. Même si on sait très bien que leur psyché occulte le fait que, in fine, il y a des mecs d'un certain âge qui se masturbent devant la vidéo de leur gosse en maillot de bain les cuisses écartées et le regard gourmand (un peu comme toi tu occultes les mecs qui fabriquent la bouffe de ton traiteur Chinois sur la cuvette des chiottes, pour faire le gars scandalisé une fois par an devant un reportage télé qui te fera jurer que plus jamais tu n'entreras dans un restau chinois... jusqu'à la semaine suivante), ils ont évidemment un DVD à la maison, sans doute même qu'ils le montrent fièrement à leurs voisins.

Donc ils savent dans quelles tenues et dans quelles positions leur enfant s'exhibe.

Il s'agirait d'une colonne de 10 DVDs dans un magasin de porn, je dirais : "pourquoi pas ?".
Sur 120 millions d'habitants, tu peux pas empêcher tout le monde d'avoir du pathos et, après tout, chacun ses vices. On serait dans le très minoritaire. La minorité des gens bizarres qui font du business bizarre pour d'autres gens bizarres.

Mais là, non.
Le fait qu'il y ait des dizaines de milliers de DVDs dispos, ça veut forcément dire qu'il y a des dizaines de milliers de parents qui cautionnent complètement leurs gosses comme chair à pédo.

Ça, ça me dérange.

9 commentaires:

Alex a dit…

Je suis assez partagé...
Le DVD ne crée sans doute pas le pathos, déjà présent au départ, et il sert sans doute de bon palliatif pour calmer les ardeurs des gens qui les regardent, dans le sens où, on est d'accord, il vaut mieux que michel tanaka se tripote sur un dvd plutôt que de tripoter une gamine, mais tu ne penses pas qu'à long terme ça crée une frustration supplémentaire, renforçant le pathos, et donc plus dangereuse ? Le mec il a une collection de DVD du genre, et ça y va le fap fap fap à outrance... Jusque-là bon, à la limite rien de trop grave. Mais tu penses pas qu'à force il puisse se dire "ah j 'en ai marre de ces dvd... si seulement je pouvais avoir du "véritable"... " ? Le mec il va se dire que c'est mal, il aura beau se convaincre que c'est pas normal, qu'il faut pas faire ça, j'ai peur qu'il y ait un moment où il va se mettre à penser "aller, juste une fois, c'est tout !" et là c'est déjà trop tard.

Mais d'un autre coté, j'ai jamais entendu parlé du film porno qui pousse les violeurs potentiels au passage à l'acte, donc je vois pas pourquoi ca serait différent pour eux... Donc en fait j'arrive trop à voir si c'est "bien" (toutes proportions gardées bien sûr) ou pas. D'autant que des pornos conventionnels, t'as beau en matter, tu sais très bien que si tout va bien, tu finiras toujours pour trouver une femme pour zigounipiloupiler, donc la frustration est peut-être moins forte, potentiellement moins dangereuse ? Enfin j'en sais rien, mais c'est sûr que le rôle des parents là-dedans est assez choquant.
Quand bien même je serais au bord du gouffre financier, dans une merde qu'on ne pourrais même pas envisager possible, bref la déchéance loosistique absolue, je me prostituerais mille fois s'il le fallait que je ne prostituerais jamais mon gamin ou ma gamine. Merde quoi.

Robert Patrick a dit…

Non, je ne pense pas.
En fait, les personnes qui passent à l'acte sont déjà dans une position qui leur permet de le faire (les professeurs d'école, notamment, des deux sexes, réf. ici).
J'imagine que le public de ce genre de DVD est plutôt âgé et plutôt dans la contemplation que dans l'action.
Ceux qui passent à l'acte moyennant finance le font dans le cadre d'un marché qui, là encore, laisse le choix au prestataire.
Quant à l'option du viol, elle est en général le fait de personnes jeunes sur une personne de leur âge, ou plus âgée.
Je ne partage en revanche pas ton optimisme sur le porno "traditionnel" et les chances de baiser : tu fais sans doute partie, comme moi, de ceux qui peuvent ET consommer du porno ET baiser, mais cette chance n'est pas donnée à tout le monde et il y a des tas de gars qui n'ont QUE le porno, pour un tas de raisons, comme une orientation sexuelle non assumée, une peur de la relation à l'autre (otaku), etc., mais dans ce cas également, la consommation de matériel pornographique ne mène pas à l'acte.
Et je ne crois pas non plus que le fait de faire de son enfant une idol soit lié à un besoin financier : le prestige du système scolaire est encore grand chez les pauvres et des parents pauvres préféreront envoyer leur gosse au juku que de lui prévoir une carrière d'idol.

ne a dit…

Les parents ne font que supporter les désirs de célébrité de leurs gosses. Qu'elles se fassent déchirer par le derrière à 15 ans pour avoir un portable plus à la mode, ça rentre dans la même logique de marchandisation du corps. Y'a des chiffres sur l'inceste au Japon ? Personnellement, je suis pas choqué parce que c'est la même chose en France donc partout dans le monde libéral développé. Les formes de cette recherche de célébrité varient mais le CASTING est la pierre angulaire de ce nouveau système de prostitution progressive. C'est simple : les parents ne voient rien et ils ne comprennent pas qu'en dessous de la célébrité, c'est l'anonymat ou la pipe.

Vincent a dit…

Je connais ces magasins a Akiba.
Moi, je trouve ca tout simplement honteux de vendre ce genre de produit, ca devrait etre interdit et les magasins devraient etre fermes et tout ce qui s'en suit.

Apres, les gens viennent se plaindre en voyant a la tele que le nombre de pervers, de viols et d'enlevements augmentent au Japon.
Tout ca est lie et les parents semblent attristes de voir tout ca.
Si seulement ils prenaient plus soin de leurs enfants.

Ama a dit…

+10.000 Mon Bon !

Y'a des malades partout, et effectivement les parents perdent les pédales (lol). L'éducation fout le camp, ma pov' Lucette.

Moi si j'ai une fille, je m'occuperai personnellement de son éducation sexuelle (lol).

Ama, Père Vert.

Patataboy a dit…

Mon dieu le magasin de poupé m'a foutu les boules ... des poulips partout.

Sinon 100% en accord avec Patrick. Et vos réaction me font bien rire. Il y a eu plus d'études et de publication sur le pathos de la pédophilie au Canada en 30ans qu'en France en 100ans. Et il est expliqué dans la Sexoanalyse (la bible des comportements sexuelles déviants ou non) qu'un pédophile commet son premier acte lors de son adolescence (passif ou actif), une fois passer cette puberté, le pédophile n'ayant pas acté reste souvent au stade du fantasme.
Ensuite, on peut être révolté par le publique qui regarde ce genre de chose. Mais pour en revenir aux exploitants de ces licences abjectes ... comme le disait Coluche, il suffirait que les gens arrêtent d'en acheter pour qu'ils arrêtent de les vendre.

Responsabilité N°1 revient aux parents.

Patataboy a dit…

Pour Alex.

Dans le desespoir tu ne connais pas ta propre réaction.

Combien de parents laissent leur gosses se prostituer car c'est le seul moyen de faire bouffer tout le monde ... c'est immonde, et souvent les gosses se retrouvent avec toutes les MST possibles et en plus se droguent ... mais des momes comme cela il y en a pelles dans les rues de thailand, cambodge (faudrait aussi voir les pays de l'est Européen, des fois que...).
Alors entre une gosse qui fait des photos olé olé et une gosse qui se prostitue et se drogue .... pour ma part le choix est vite fait.

Avant de s'insurger contre l'industrie de l'éro-pédo Japonais (impardonnable), occupons nous de sauver les plus malheureux dans les pays voisins

Robert Patrick a dit…

@patataboy : Il ne faut pas tout mélanger non plus. Dans notre culture, la prostitution des enfants reste le sacrilège absolu, alors que ce n'est pas le cas en Thaïlande, par exemple. Là-bas, c'est un métier comme un autre, vu que la population qui le pratique n'est pas une exception ; il s'agit d'une activité cautionnée par le gouvernement, les agences de voyage, etc.
Rien à voir avec le fait que toi, demain, tu décides de mettre tes gosses sur le trottoir, sans encadrement. On parle de pays où la prostitution infantile est institutionnalisée, quand même...
Le cas du Japon est un peu différent, puisque la prostitution est officiellement interdite, mais pas les services aux personnes, d'une part, et d'autre part les jeunes filles qui se prostituent le font en indépendantes, pour s'acheter des objets de luxe (ou se les faire offrir).
Mais là encore, on parle de mineurs, pas d'enfants.
Les gamines qui sont sur les DVDs dont je parle, elles le font ni pour s'acheter des sacs Vuitton, ni pour survivre.

Anonyme a dit…

C'est horrible cette photo >< Ca m'a donné envie de vomir.

 
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